Cher lecteur, chère lectrice,
C’est toujours un plaisir pour moi de te rencontrer. Même sans te voir réellement, t’imaginer me lisant me suffit et me comble de bonheur. Je t’aperçois assis confortablement dans un canapé, les jambes croisées, tenant le livre dans lequel je raconte une histoire. J’ai reconnu la couverture, et elle me plaisait bien celle-là, je pensais vraiment qu’elle séduirait des amateurs. Mon histoire, c’est le plus important, tu la vis dans ta tête, lui donnant tout son relief. Ce n’est pas facile d’imaginer quelque chose, de l’idéaliser, et de le coucher avec des mots en prévoyant qu’une autre personne va devoir se l’approprier et construire son propre spectacle. Je suis heureux de voir que tu as parcouru une bonne partie du livre, je pense savoir quel passage tu dois lire, car je connais tout par cœur ou presque. Si tu en es là, tu vas avoir encore des surprises et des émotions. J’en suis fier, même si je me demande parfois — souvent en fait — comment mes élucubrations à fleur de peau peuvent induire des sentiments à ceux qui vont les lire. Il faut imaginer qu’on les vit soi-même pour oser les transcrire et les partager. Cet exercice de traduction langagière ne me satisfait pas toujours, alors je recommence, une fois, deux fois, jusqu’à ce que ma scène soit belle. Qu’il y ait toujours un écueil qui fait qu’elle n’est pas parfaite. Je fuis la perfection, je la refuse, la contournant pour ne pas l’atteindre même si je la désire. Je veux que le lecteur garde sa conscience, sa vigilance, qu’il ne soit pas hypnotisé, mais qu’il recherche en lui-même le petit déclic qui ouvrira la porte de l’univers que je lui présente. Je veux bien lui prendre la main, mais je lui demande de marcher et je l’emmènerai alors découvrir ce qui deviendra un rêve éveillé. Parfois, tu accroches, sur des mots, des phrases, des constructions bizarres, rassure-toi, c’est voulu. Pas toujours réussi, mais en transcrivant ses fantasmes l’auteur ne pense pas d’emblée à la meilleure forme, celle qui devrait plaire à tous les lecteurs. Ou alors il le fait exprès pour te réveiller. Tu vois le problème, le style est plus ou moins bon selon le lecteur, même si les auteurs font des miracles et ont des secrets pour captiver l’attention. Tu ne le vois pas ? Tout « coule » bien pour toi ? Alors l’auteur a su utiliser les bons ingrédients pour sa magie. Comme un château de cartes, chaque partie est posée délicatement et tient aussi l’ensemble. Mais ne t’arrête pas à ça ! Laisse-toi guider et ouvre ton esprit, ton voyage ne fait que commencer !
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